
Face à l’explosion du volume de données, à la montée en puissance du cloud et à la nécessité de garantir une haute disponibilité de l’information à grande échelle, les entreprises cherchent des solutions de stockage capables de concilier performance, résilience et souplesse.
Ceph s’impose comme une référence dans l’univers du stockage distribué open source. Cette solution permet de mutualiser des disques répartis sur plusieurs machines afin d’offrir un système de stockage unifié, tolérant aux pannes et scalable. Ce système s’adresse aussi bien aux environnements cloud privés qu’aux plateformes de données critiques.
Qu’est-ce que Ceph ? Comment fonctionne cet outil ? Quels sont ses avantages et ses limites ? Suivez le guide avec Freelance-Informatique.
Ceph est une solution de stockage distribué open source conçue pour offrir un système hautement disponible, tolérant aux pannes et évolutif. À la différence des systèmes de fichiers traditionnels ou des solutions centralisées de type NAS (Network Attached Storage), Ceph répartit les données de manière intelligente sur un ensemble de machines physiques appelées nœuds. Chaque nœud, ou node, collabore avec ses homologues pour fournir un espace de stockage commun, sans point de défaillance unique.
Développé par Sage Weil dans le cadre de sa thèse doctorale à l’Université de Californie, Ceph est aujourd’hui soutenu par la communauté open source et intégré à de nombreuses distributions Linux. Il repose sur une architecture objet, dans laquelle les fichiers sont découpés, répartis et répliqués en blocs, gérés par un système distribué appelé RADOS (Reliable Autonomic Distributed Object Store).
L’architecture de Ceph a été pensée pour répondre à plusieurs des prérequis fondamentaux du stockage de données :
Ceph est donc un outil autonome, autoréparateur et indépendant, capable de s’adapter aux infrastructures les plus exigeantes tout en faisant preuve d’une certaine souplesse.
Ceph est utilisé dans de nombreux environnements industriels, académiques et cloud, grâce à sa grande polyvalence et à sa fiabilité éprouvée. Il intervient ainsi au sein d’infrastructures cloud privées, mais aussi pour l’archivage et la sauvegarde d’informations en entreprise grâce à sa capacité à stocker d’importants volumes de données.
Ceph peut aussi être destiné à l’hébergement de fichiers, pour les services web ou en complément d’outils comme Amazon S3. Le domaine scientifique ou les experts Big Data ont également recours à cette architecture : dans les clusters de recherche ou les supercalculateurs, Ceph permet de mutualiser le stockage à grande échelle tout en conservant des performances intéressantes.
Ceph est aussi pertinent dans les environnements Kubernetes, où les applications sont déployées sous forme de pods. Par défaut, ces pods n’ont pas de stockage persistant : lorsqu’un pod est supprimé ou redémarré, ses données sont perdues. Grâce à des projets comme Rook, un opérateur Kubernetes open source, Ceph peut être déployé et géré directement dans un cluster Kubernetes. Il fournit alors un stockage persistant à la demande pour les pods.
Ceph s’adresse ainsi à tout projet nécessitant un stockage massif, résilient et extensible, notamment dans des environnements distribués ou virtualisés.
Ceph repose sur un modèle de stockage objet, différent du stockage en blocs, de type disque dur, ou du stockage de fichiers, de type NAS. Avec Ceph, les données sont découpées en objets, chacun renfermant non seulement le contenu, mais aussi des métadonnées et un identifiant unique.
Cette approche offre plusieurs avantages :
Ces différents atouts en font un modèle parfaitement adapté aux environnements basés sur le Big Data, le cloud, le machine learning ou nécessitant une sauvegarde massive.
Un cluster Ceph est composé de différents types de nœuds qui remplissent chacun un rôle précis dans l’architecture :
Cette architecture modulaire et distribuée assure à Ceph une grande flexibilité et une forte tolérance aux pannes.
RADOS est au cœur du fonctionnement de Ceph. Il s’agit du moteur qui orchestre le stockage objet distribué.
Il possède plusieurs caractéristiques clés qui font la force de Ceph :
Ce moteur intègre également CRUSH (Controlled Replication Under Scalable Hashing), un algorithme de placement qui détermine dynamiquement l’emplacement des données, sans table centralisée.
L’un des grands atouts de Ceph est sa capacité à réaliser plusieurs types de stockage sur des interfaces différentes, au sein d’une même infrastructure.
Plusieurs interfaces permettent ainsi de répondre à divers besoins applicatifs, comme la virtualisation, le cloud, la sauvegarde ou les services web, sur une seule et même plateforme mutualisée. Parmi ces interfaces, on compte :
L’un des principes fondateurs de Ceph est l’absence de point de défaillance unique. Dans une architecture traditionnelle, les serveurs centralisés peuvent devenir des goulots d’étranglement ou des risques critiques en cas de panne. À l’inverse, Ceph distribue les données et les services de gestion sur l’ensemble du cluster, de manière décentralisée.
Chaque composant peut être dupliqué et les services critiques sont redondants. Ainsi, si un nœud ou un disque tombe en panne, le système continue de fonctionner sans interruption. Cette architecture hautement disponible est idéale pour les environnements qui nécessitent une continuité de service.
Ceph a été pensé dès le départ pour offrir une scalabilité horizontale quasi illimitée. Cela signifie qu’il est possible d’augmenter la capacité de stockage ou les performances en ajoutant de nouveaux nœuds ou disques au cluster, sans refonte de l’architecture ni arrêt du service.
Ce mode de croissance modulaire permet de faire évoluer l’infrastructure de manière progressive, à mesure que les besoins de l’entreprise s’accentuent. Il est ainsi particulièrement adapté aux projets Big Data ou à l’archivage à long terme.
Ceph assure une réplication automatique des données sur plusieurs nœuds. Lorsqu’un disque ou un serveur devient indisponible, le cluster identifie la perte et reconstruit les données manquantes à partir des copies existantes, sans intervention manuelle.
Ce mécanisme est conçu pour restaurer la redondance des données le plus rapidement possible, garantissant ainsi l’intégrité et la disponibilité des fichiers même en cas de défaillance matérielle.
Ceph propose une approche unifiée du stockage, capable de gérer des données en mode bloc, en mode fichier et en mode objet au sein du même cluster. Cela permet aux entreprises de mutualiser leurs infrastructures de stockage, plutôt que de multiplier les solutions spécialisées selon les usages.
Cette flexibilité facilite la gestion de l’information et réduit les coûts, tout en simplifiant les processus métiers.
Ceph est un projet open source mature, initialement développé par l’université de Californie à Santa Cruz, puis soutenu activement par Red Hat, acquis par IBM en 2018, ainsi que par une large communauté de contributeurs. Ce support garantit une évolution continue du logiciel, des mises à jour régulières et une documentation riche.
L’adhésion au modèle open source permet également à Ceph de rester interopérable, transparent et personnalisable. Pour les entreprises souhaitant un contrôle total sur leur infrastructure ou cherchant à éviter les coûts de licence, Ceph représente une option robuste, évolutive et économiquement avantageuse, qui permet une configuration sur mesure.
Ceph est une solution puissante, mais son installation est complexe. Contrairement aux systèmes de stockage classiques, Ceph requiert une compréhension fine de son architecture distribuée, de ses composants et de ses mécanismes internes.
Le déploiement d’un cluster Ceph implique également laconfiguration manuelle de nombreux paramètres, l’installation des services sur différents nœuds et leur synchronisation. Même si certains outils simplifient cette phase de paramétrage, le niveau d’expertise requis reste élevé, en particulier pour les environnements de production.
Ceph repose sur une architecture distribuée qui nécessite une infrastructure matérielle conséquente pour fonctionner de manière optimale. Il n’est pas recommandé de déployer Ceph sur de petites configurations ou dans des environnements contraints, car :
Ces prérequis peuvent représenter un investissement important, notamment pour les PME (Petites et Moyennes Entreprises) et les start-ups.
Bien que Ceph soit documenté et soutenu par une communauté active, il n’en reste pas moins complexe à maîtriser. La diversité de ses concepts demande une montée en compétence progressive.
Les administrateurs systèmes doivent acquérir une expertise spécifique, différente de celle exigée par le stockage traditionnel. Ceph impose aussi de maîtriser l’écosystème Linux, les scripts d’automatisation, les outils en ligne de commande (CLI ou Command Line Interface), voire même certaines notions de développement.
Superviser un cluster Ceph ne se résume pas à surveiller la capacité disque : il faut suivre des dizaines d’indicateurs pour anticiper les pannes et maintenir une bonne qualité de service. Bien que Ceph fournisse une interface web d’administration, l’exploitation en production nécessite souvent une intégration avec des outils tiers, ainsi que la mise en place d’alarmes, de règles et de procédures.
Une bonne supervision demande donc des compétences en observabilité et en gestion d’incidents, ainsi qu’une architecture de surveillance fiable, sous peine de ne pas percevoir les signaux critiques.
| Aspect | Avantages | Limites |
|---|---|---|
| Haute disponibilité | Architecture distribuée sans point de défaillance unique | Supervision complexe à mettre en place |
| Scalabilité | Scalabilité horizontale quasi illimitée, ajout de nœuds à chaud | Nécessite une infrastructure matérielle importante |
| Résilience aux pannes | Réplication automatique des données, autoréparation | Reconstruction gourmande en I/O sur grandes volumétries |
| Stockage unifié | Support natif des modes bloc, fichier et objet | Implémentation de plusieurs interfaces demande expertise |
| Interopérabilité | Open source, compatible avec Kubernetes, S3, Swift | Configuration manuelle et tuning fréquents |
| Performance | Modèle objet performant, équilibrage automatique des charges | Performances dépendantes du matériel (disques, réseau) |
| Écosystème & support | Soutenu par Red Hat, IBM et la communauté open source | Courbe d’apprentissage élevée, documentation technique dense |
| Déploiement | Déploiement sur mesure possible pour répondre à tout besoin | Installation complexe, nécessite des profils expérimentés |
Un NAS est un serveur de fichiers centralisé. À l’inverse, Ceph est un système de stockage distribué : il répartit les données sur plusieurs nœuds pour garantir redondance, performance et scalabilité. Alors qu’un NAS présente un point de défaillance unique, Ceph est conçu pour tolérer les pannes et s’autoréparer.
Utiliser Ceph requiert de solides compétences en administration système Linux, en réseau et en stockage. Il est également nécessaire de comprendre les principes du fonctionnement distribué et la gestion des clusters. Une bonne maîtrise des outils de ligne de commande est également indispensable, ainsi que des bases en programmation. Si sa courbe d’apprentissage reste exigeante, Ceph est une technologie valorisante pour les profils techniques expérimentés.
Oui, maîtriser Ceph peut vous permettre de travailler pour des clients dans des secteurs comme la santé, la recherche ou l’industrie. En tant qu’indépendant, disposer de cette compétence permet de vous différencier pour trouver une mission freelance, notamment pour les projets OpenStack, les clusters Kubernetes ou les plateformes cloud hybrides. C’est une expertise de niche bien rémunérée, qui constitue un réel avantage sur le marché et offre la possibilité de se démarquer sur une plateforme freelance.